Big House, Michigan University Photo Credit: Michigan Wolverines Athletics
Ayant joué au football américain pendant presque deux décennies, je dois avouer qu'avant de m'installer au Canada, je n'avais pas vraiment saisi la dimension et l'ampleur du football universitaire en Amérique du Nord.
J'étais principalement concentré sur la NFL et, pour être tout à fait honnête, ce n'est que lorsque les Ducks d'Oregon ont commencé à dévoiler, autour de 2010, des équipements et uniformes toujours plus stylés, à l'époque de Marcus Mariota and Co., que j'ai commencé à m'intéresser davantage à la NCAA.
Photo Credit: Oregon Ducks Athletics
Oui, avant chaque début de saison, je m'impatientais de voir quelles avaient été les signatures des Black Panthers, l'équipe pour laquelle j'ai joué la quasi-totalité de ma "carrière", mais aussi celles des autres équipes du championnat Elite, pour identifier les universités des joueurs internationaux. Oregon, UC Davis, USC, Hawaii, Florida State, Maryland, Eastern Carolina, Connecticut, Cal, Duke, Colorado, Minnesota, UCLA sont les universités dont je me souviens, d'où provenaient certains joueurs ayant évolué en championnat de France ou en championnat d'Europe, et contre lesquels nous avons eu l'opportunité de jouer.
Cela apportait un petit goût d’Amérique sur les terrains français et, pour la plupart, un niveau de jeu qui était à l'époque nettement supérieur à la moyenne. Tous n'avaient pas été des titulaires indiscutables dans leur programme, mais leur participation au championnat, leur apport de connaissances au niveau du jeu et du coaching étaient clairement bénéfiques pour le développement du football américain en France.
Quelques uns de ces renforts Nord américain n'étaient pas restés la saison complète, ayant parfois le mal du pays après quelque temps, d'autres rentrant aux États-Unis après un match ou deux, juste le temps de marquer quatre ou cinq touchdowns par match et de courir pour 200 yards, à la manière d'un Ashton Jeanty à la française (l'actuel running back star de Boise State).
Je me posais la question de pourquoi des joueurs, aussi dominant sur le terrain et ayant la possibilité de continuer à jouer à leur sport de prédilection (certes à un niveau bien inférieur) faisait le choix de parfois rentrer aux US de manière anticipée.
Et pour m'être rendu dans plusieurs universités, en particulier cette saison, pour couvrir des matchs de college football en terre américaine, je dois dire que je comprends mieux à présent le « choc » culturel ressenti par certains de ces joueurs qui ont fait demi-tour aussi vite qu'une passe de Patrick Mahomes.
Hormis à Hawaii, où les Rainbow Warriors évoluent dans un stade « temporaire » avec une capacité d'accueil plus limitée, les 12 matchs où je me suis rendu avaient en moyenne une affluence de 65 000 spectateurs par rencontre, avec un pic à 107 000 à Ann Arbor, dans la banlieue de Detroit. Le stade de Michigan, surnommé Big House, est le plus grand stade des États-Unis et le troisième plus grand du monde.
Pour comprendre l'engouement astronomique suscité par le College Football dans certaines régions du pays de l'Oncle Sam, il n'y a qu'a s'arrété à l'université de Nebraska qui joue tout simplement à guichet fermé depuis 1962, soit un record de plus de 400 matchs consécutifs. C'est simple, les joueurs des Cornhuskers jouent en moyenne devant 86,681 depuis 2022 et le Memorial stadium a dépassé les 31 Millions d'entrées depuis sa création.
Les installations sportives d'un bon nombre de ces universités feraient clairement palir certaines équipes professionnelles , tout sports confondu. Les infrastructures sont somptueuses, dotées d'équipements à la pointe de la technologie et du design et dans lesquel les écoles investissent des sommes pharaoniques.
Les infrastructures d'université comme Clemson, Texas, Oregon, Notre-Dame, Michigan pour n'en citer que quelques unes incarnent l'excellence avec des vestiaires modernes équipés de casiers ventilés en acier inoxydable et d’écrans personnalisés dans un espace lumineux et raffiné.
La cryothérapie, les bains chauds et froids, ainsi qu’une piscine à contre-courant assurent une récupération optimale. Les salles de stratégie, équipées d’écrans tactiles et de technologies avancées, facilitent l’analyse vidéo. Un terrain intérieur synthétique éclairé, ainsi que les terrains extérieurs entourés de gradins, complètent ces installations impressionnantes.
C'est simple, pour être en mesure d'attirer et recruter les meilleurs joueurs de high school ou "transfert" du pays, il vaut mieux avoir des installations à la hauteur car la concurrence et la course a ma modernité est féroce.
Si l'on prend en compte que ces jeunes joueurs ont évolué dans des conditions professionnelles du point de vue du standard européen, jouant la plupart de leurs matchs devant des foules dignes du Stade de France en finale de coupe du monde, et dans une ambiance électrique menée par des étudiants en délire venus soutenir leurs camarades, les matchs avec des rivalités parfois centenaires retransmis devant des millions de téléspectateurs chaque semaine, on peut aisément réaliser le choc quelque peut brutal ressenti en arrivant dans certaines villes de moins de 40 000 habitants où les vestiaires sont partagés avec dix autres clubs amateurs de sports différents, où le public ne dépasse pas les 400 personnes.
Les choses ont clairement évolué en France depuis 15 ans, et j'exagère volontairement un peu le trait, mais la différence est marquée.
Je me souviens d'une conversation avec un joueur américain venu jouer aux Black Panthers de thonon, qui avait été titulaire plusieurs saisons sur la ligne offensive des Terrapins de Maryland.
Ce dernier me racontait que la saison précédente, il avait été très impressionné par l'entrée spectaculaire des Seminoles de Florida State lors de leur match de conférence à Tallahassee, dans un stade plein à craquer. Il me comptait cette histoire dans le bus avant d'affronter les Ours de Toulouse pour le compte du championnat de Division 2. À l'époque, j'imaginais bien que cela devait lui changer, mais pour avoir pu fouler quelques pelouses de terrains NCAA ces trois derniers mois, je visualise à présent un peu mieux le décalage dont il me faisait part 30 ans plus tôt.
Entrée des joueurs de Florida State Seminoles, Photo Credit: Florida State Athletics
Le College Football est le deuxième sport le plus populaire aux États-Unis (si l'on considère le nombre de fans dans les stades et derrière leurs écrans), juste derrière la NFL.
Il se dégage d'ailleurs chez certains fans une ferveur qui s'apparente fortement à une sorte de « religion sportive », avec ses codes, son tailgate*, ses chants et ses rivalités historiques.
Avoir pu, cette saison 2024, être au cœur du sport, de ses universités, sur le bords de terrains, dans les press box, les salles de conférences, tout cela en tant que média, m'a permis de mieux comprendre l'engouement pour le College Football et d'en prendre d'autant plus la mesure.
J'ai pris la décision, après avoir couvert la saison WNBA, et en particulier l'équipe du Seattle Storm de me lancer pour défi de couvrir en tant que média (en obtenant des accréditations officielles),12 semaines de College Football consécutives, 12 affiches, 16 équipes différentes.
Depuis fin Août, je me suis rendu dans plusieurs universités (9 au total), parcouru de nombreux kilomètres pour faire grandir mon "portfolio" et ma crédibilité, que ce soit en voiture (5952 kms) pour me rendre à Seattle, dans l'Oregon ou à Pullman mais également en avion (27 778kms) pour des destinations plus lointaines de Vancouver comme Hawaii, Detroit, Chicago ou encore Los Angeles.
Il y’a certains endroits où je me suis rendu où il y a clairement peu de choses à faire dans les environs, parfois à des centaines de kilomètres à la ronde, de petites « villes » tranquilles la semaine qui s'éveillent et s'émerveillent chaque samedi de la saison de Football. Petits et grands, jeunes et moins jeunes, convergent en harmonie vers le stade, portant fièrement leurs couleurs et s'animent au rythme des fanfares des écoles.
Je comprends mieux l'importance de ces rituels où les gens se retrouvent, partagent, discutent, cette « messe » sociale et footballistique du samedi, qui ravive ce caractère et cette sensation d'appartenance à une université, une histoire, des symboles communs qui rassemblent fondamentalement les fans d'une même équipe et qui enflamment les foules lorsque « leurs joueurs » entrent dans l'arène.
Tailgate à l'Université de Notre-Dame, Photo Credit: Visit South Bend
* Un tailgate de football universitaire, c'est bien plus qu'une simple préparation avant un match : c'est une célébration à part entière, une tradition ancrée dans la culture américaine, où la camaraderie et la passion pour l’équipe locale prennent le dessus.
Le concept du tailgate
Le mot "tailgate" fait référence à l’arrière des pick-ups ou des voitures, souvent utilisés comme tables improvisées pour organiser un banquet festif dans les parkings autour du stade. Les fans se rassemblent bien avant le coup d’envoi, parfois dès l’aube, pour partager nourriture, boissons et bonne humeur.
L'ambiance
Imaginez un gigantesque festival en plein air où chaque groupe de supporters installe son propre campement. Tentes, barbecues, tables pliantes et fauteuils confortables envahissent les parkings. Les couleurs de l’équipe sont omniprésentes : bannières, drapeaux, vêtements et même décorations de voitures. De la musique résonne de tous côtés, mélangeant hymnes de l’équipe, classiques du rock ou morceaux entraînants pour galvaniser les troupes.
La nourriture et les boissons
Le barbecue est le roi du tailgate. Hamburgers, hot-dogs, ribs, ailes de poulet et autres grillades s’accompagnent de plats typiques comme les macaronis au fromage, les chips, les salades de pommes de terre ou les brownies maison. Côté boissons, la bière coule souvent à flots, mais les fans rivalisent aussi d’originalité avec des cocktails maison ou des thermos de chocolat chaud lorsque le temps se rafraîchit.
Les activités
Le tailgate, c'est aussi l’occasion de s’amuser. Les jeux comme le cornhole (lancer de sacs de sable dans des trous sur des planches inclinées) ou le beer pong animent les campements. Certains fans organisent même des mini-concerts ou des retransmissions de matchs précédents sur écrans portables. Pour les plus jeunes, des ballons et des jeux sont souvent prévus, rendant l’événement familial.
Un moment de communion
Le tailgate est une expérience unique où les supporters partagent leur amour du football et de leur équipe. Que vous soyez un étudiant, un ancien diplômé, ou simplement un passionné de sport, ces rassemblements vous accueillent à bras ouverts, créant un sentiment de communauté autour d’une même passion.
En résumé, participer à un tailgate, c’est plonger dans un univers où sport, nourriture et convivialité s’entremêlent pour donner le coup d’envoi d’une journée inoubliable. Même avant le match, l’ambiance est à son comble, donnant un avant-goût de l’énergie qui s'emparera du stade.
THE PASSION FOR COLLEGE FOOTBALL IN THE US THROUGH THE EYES OF A EUROPEAN (Part 1)
Big House, Michigan University Photo Credit: Michigan Wolverines Athletics
Having played American football for almost two decades, I must admit that before moving to Canada, I hadn’t fully grasped the scale and significance of college football in North America.
My focus was mainly on the NFL, and to be completely honest, it wasn’t until the Oregon Ducks started unveiling increasingly stylish gear and uniforms around 2010, during the Marcus Mariota era, that I began paying more attention to the NCAA.
Photo Credit: Oregon Ducks Athletics
Yes, before the start of each season, I eagerly awaited news of the signings for the Black Panthers, the team I played for throughout most of my "career," as well as those of other teams in the league, to identify the universities of international players. Oregon, UC Davis, USC, Hawaii, Florida State, Maryland, Eastern Carolina, Connecticut, Cal, Duke, Colorado, Minnesota, and UCLA are some of the universities I remember whose players went on to compete in the French or European championships, and against whom we had the opportunity to play.
This brought a touch of American football to French fields and, in most cases, a level of play that was clearly above average at the time. Not all of these players were standout starters in their programs, but their participation in the league, along with the knowledge they brought to gameplay and coaching, was undoubtedly beneficial for the development of American football in France.
Some of these North American recruits didn’t stay for the entire season, occasionally feeling homesick after a while. Others returned to the U.S. after just one or two games, leaving their mark by scoring four or five touchdowns per match and rushing for 200 yards—much like a French version of Ashton Jeanty, the current star running back at Boise State.
I often wondered why such dominant players, who had the opportunity to continue playing the sport they loved (albeit at a much lower level), would sometimes choose to return to the U.S. prematurely.
Having visited several universities, especially this season, to cover college football games on American soil, I now better understand the "culture shock" experienced by some of these players who quickly turned back.
Except in Hawaii, where the Rainbow Warriors play in a "temporary" stadium with a more limited capacity, the 12 games I attended this season had an average attendance of 65,000 spectators per game, peaking at 107,000 in Ann Arbor, a suburb of Detroit. Michigan Stadium, nicknamed the "Big House," is the largest stadium in the United States and the third-largest in the world.
To grasp the astronomical enthusiasm for college football in certain regions of the United States, you only need to look at the University of Nebraska, which has been playing to sold-out crowds since 1962—a record of over 400 consecutive games. On average, the Cornhuskers play in front of 86,681 fans since 2022, and the Memorial Stadium has surpassed 31 million total entries since its inception.
The athletic facilities at many of these universities would undoubtedly put some professional teams—across all sports—to shame. The infrastructure is stunning, equipped with cutting-edge technology and design, and schools invest colossal sums into them.
University facilities like Clemson, Texas, Oregon, Notre Dame, and Michigan, to name just a few, embody excellence with modern locker rooms featuring ventilated stainless steel lockers, personalized screens, and bright, refined spaces.
Cryotherapy chambers, hot and cold baths, and counter-current pools ensure optimal recovery. Strategy rooms equipped with touchscreens and advanced technology facilitate video analysis. Indoor synthetic fields with high-end lighting, along with outdoor fields surrounded by stands, complete these impressive setups.
To attract and recruit the best high school or transfer players in the country, it’s essential to have facilities that meet the highest standards, as the competition and the race for modernity are fierce.
When you consider that these young players have already experienced professional-level conditions by European standards—playing most of their games in front of crowds reminiscent of the Stade de France during a World Cup final, in an electric atmosphere fueled by fellow students cheering for their peers, and in rivalries sometimes spanning a century, broadcast to millions of viewers each week—it’s easy to understand the cultural shock they might feel upon arriving in towns with fewer than 40,000 inhabitants. In such places, locker rooms are shared with ten other amateur sports clubs, and the crowd rarely exceeds 400 people. Things have certainly evolved in France over the past 15 years, and while I’m exaggerating a bit for effect, the difference remains striking.
I remember a conversation with an American player who came to play for the Black Panthers in Thonon-les-Bains. He had been a multi-year starter on the offensive line for the Maryland Terrapins.
He told me about being deeply impressed the previous season by the spectacular entrance of the Florida State Seminoles during their conference game in Tallahassee, in a stadium packed to the brim. He recounted this story to me on a bus heading to a Division 2 game against the Toulouse Bears. At the time, I could imagine how much of a contrast it must have been, but after stepping onto NCAA fields myself over the past three months, I now have a much clearer understanding of the disparity he described 30 years ago.
Florida State Seminoles Players Entrance, Photo Credit: Florida State Athletics
College football is the second most popular sport in the United States (when considering the number of fans in stadiums and watching on screens), right behind the NFL.
There is a fervor among certain fans that strongly resembles a form of "sports religion," complete with its own codes, tailgates*, chants, and historic rivalries.
This 2024 season, being at the heart of the sport, its universities, on the sidelines, in press boxes, and at conferences as a media professional has allowed me to better understand the enthusiasm for college football and truly appreciate its magnitude.
After covering the WNBA season, particularly the Seattle Storm, I set myself the challenge of covering 12 consecutive weeks of college football, 12 games as a credentialed media representative. Since late August, I’ve visited several universities (nine in total) and traveled countless kilometers to grow my portfolio, whether by car (5,952 km) to places like Seattle, Oregon, or Pullman, or by plane (27,778 km) to farther destinations like Hawaii, Detroit, Chicago, or Los Angeles from my base in Vancouver.
In some places I’ve visited, there’s little to do in the surrounding area, sometimes for hundreds of kilometers. These are small, quiet "towns" during the week that come alive and shine every Saturday during football season. People of all ages, young and old, converge harmoniously toward the stadium, proudly wearing their team colors, energized by the rhythm of school marching bands.
I now better understand the importance of these rituals where people gather, share, and connect. This “social and football mass” on Saturdays reignites a sense of belonging to a university, a history, and shared symbols. It unites fans of the same team and electrifies crowds as "their players" step into the arena.
Tailgate à l'Université de Notre-Dame, Photo Credit: Visit South Bend
The word "tailgate" refers to the back of pickup trucks or cars, often used as makeshift tables to host festive banquets in the parking lots around the stadium. Fans gather well before kickoff—sometimes at the crack of dawn—to share food, drinks, and good vibes.
The Atmosphere
Imagine a massive outdoor festival where every group of supporters sets up their own mini-camp. Tents, barbecues, folding tables, and comfy chairs take over the parking lots. Team colors are everywhere: banners, flags, clothing, and even car decorations. Music fills the air, blending team anthems, classic rock hits, and energetic tunes that pump up the crowd.
Food and Drinks
Barbecue is the centerpiece of any tailgate. Burgers, hot dogs, ribs, chicken wings, and other grilled delights are often paired with classic sides like mac and cheese, chips, potato salads, or homemade brownies. On the beverage side, beer flows freely, but fans also get creative with homemade cocktails or thermoses of hot chocolate when the weather turns chilly.
Activities
Tailgates are also about fun and games. Popular activities include cornhole (tossing bean bags into holes on inclined boards) and beer pong. Some fans go the extra mile by organizing mini-concerts or showing replays of previous games on portable screens. For kids, balloons and games are often part of the setup, making the event family-friendly.
A Moment of Togetherness
Tailgating is a unique experience where fans come together to share their love for football and their team. Whether you're a student, an alum, or simply a passionate sports fan, these gatherings welcome everyone with open arms, fostering a sense of community centered around a shared passion.
In Summary
Attending a tailgate means immersing yourself in a world where sports, food, and camaraderie come together to kick off an unforgettable day. Even before the game starts, the atmosphere is electric, offering a preview of the energy that will soon light up the stadium.
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